De la Cale à la Boite

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De la Cale à la Boite

Le Glénan est de retour à Abidjan. C'est un des plus beaux thoniers du port.

Il suffit de regarder les autres bateaux à quai pour mesurer à quel point la lutte internationale est sevére. A côté de quelques bateaux Ivoiriens, on trouve Japonais, Coréens, Italiens, Espagnols. Entre tous ces bateaux, c'est la petite guerre pour repérer un banc avant les autres. Rappelez-vous l'histoire des messages codés de l'avion Interthon! Là, comme ailleurs, les Américains ne reculent pas devant les grands moyens. Un thonier américain qui pêche au large de la Côte d'lvoire dispose d'un hélicoptère qui prospecte pour lui tout seul; il y a une piste d'atterrissage sur le pont. Certains Français songent à en faire autant!

La lutte est tellement âpre que seuls les meilleurs résistent; les autres désarment, Les petits thoniers-canneurs appartenaient souvent à leur patron; un gros senneur coûte au moins 30 millions de francs: seules des grosses sociétés d'armateurs peuvent payer des bateaux aussi chers. Quand le Glénan arrive au port, c'est encore la société d'armateurs bretons qui organise le déchargement et la vente du poisson. Le poisson ne restera pas longtemps sur le sol africain.

La cargaison repartira Congelée, en cargos frigorifiques, vers l'étranger (Italie, Porto-Rico, par exemple), ou bien elle sera envoyée dans les deux conserveries françaises installées à Abidjan.

De là, les boites seront expédiées dans le monde entier. Il peut arriver, pourquoi pas, de manger au Brésil du thon pêché par les Français en Afrique!

A qui profite le thon ?

Ces thons qui viennent des eaux africaines, les Africains n'en profitent guère.

N'est-ce pas choquant quand on sait que des milliers d'Africains souffrent de la faim? N'est-il pas choquant que les Conserveries françaises s'installent à Dakar et Abidjan pour employer moins chère ? N'est-il pas choquant que le thon ne rapporte rien aux Africains ? Les choses ne sont pas si simples.

C'est face à la concurrence internationale que les conserveries se sont installées en Afrique: c'était cela, ou disparaitre. Côté africain, on apprécie leur présence. Les salaires qu'ils versent sont considérés comme élevés par rapport au niveau de vie africain.

Dans la tradition africaine, on ne pêche pas le thon. Les Français et les autres pays ont eu le mérite de trouver et de savoir pêcher un poisson qui, jusque-là, ne profitait qu'aux requins et aux espadons. Les pêcheurs et les conserveries étrangères versent des redevances et des impôts aux pays où ils ont leurs activités. lls les aident aussi à créer leur propre flotte: celle de la Côte d'lvoire compte dix bateaux. II est donc faux de dire que les Africains n'y gagnent rien.